Entraînements pluvieux, évènement heureux…
Entraînements pluvieux, évènement heureux…
Entraînements pluvieux, évènement heureux…
Ce ne sont pas les trombes d’eau qui ont empêché les retrouvailles des Ocean Fifty à Pornichet-La Baule : ce mercredi, les 50 navigatrices et navigateurs avaient le sourire à l’idée de régater à 10 équipages. 10 équipages sur les lignes de départ… c’est une première dans la classe Ocean Fifty ! Les trimarans de 15 mètres ont donc pris leur quartier en Pays de Loire pour deux jours de compétition en baie et une grande course de 24h à partir de samedi. Ce matin, après le traditionnel briefing des skippers et une table ronde sur « La mixité dans la course au large » (organisée par Upwind by MerConcept), les équipages ont enfilé bottes et cirés, bien décidés à s’entraîner avant le top départ demain à 14h de la première course du jour.
La baie du Pouliguen : un stade nautique naturel
Entre Le Pouliguen et Pornichet et devant l’île des Evens, les parcours inshore seront courts (moins de 1,3 milles) et devraient donc offrir un spectacle grandiose au public depuis les gradins de la digue du port de Pornichet ou de la plage de La Baule. Premier départ demain jeudi à 14h pour 3 à 4 courses à suivre d’une durée de 25 à 40 minutes chacune avec des conditions plutôt clémentes : moins d’humidité et un vent de sud-ouest oscillant entre 9 et 15 nœuds. De quoi embarquer sereinement les invités à bord pour leur faire découvrir la navigation sur ces multicoques de course, c’est la grande spécificité de la classe Ocean Fifty… A noter que le cadre très sécurisé des régates ne permet en aucun cas aux bateaux de plaisance de s’approcher du parcours !
Ils ont dit :
Fabrice Cahierc, skipper de Realites
« C’était un super entraînement, très stimulant avec deux manches. Les parcours étaient un peu plus courts qu’à Saint-Malo, donc les régates plus rapides. La mer était plate, c’était une chance car c’est une baie par vent d’ouest qui peut être compliquée. La houle peut rentrer fort… Ce qui est sympa ici par vent de terre, ce sont les oscillations qui donnent un plan d’eau super tactique ; c’est très intéressant. Il y a beaucoup de jeu, on a navigué collés-serrés notamment avec Solidaires En Peloton. Je suis très content de cette journée, je ne me mets pas de pression pour demain. J’ai toujours un coup de trac 2h avant le top départ ! »
Matthieu Souben, équipier sur Primonial
« Il faut s’habituer à la densité des bateaux. 10 bateaux sur une ligne de départ, c’est du jamais vu. Tous ont bien progressé depuis deux ans, cela promet de belles régates. L’entraînement, c’est le dernier moment ou tu navigues très concentré sur ton bateau car tu peux te permettre des ratés et cela ne compte pas. Il faut prendre au max pour être bien demain. Demain, on intégrera ce que font les autres. Les parcours sont courts, avec des bateaux pas forcément très réactifs, il faut tout anticiper, éviter le contact. C’est vite chaud ! Mais c’est ce qui est chouette. Les petites manches comme ça c’est vraiment du combat de rue… »
La classe Ocean Fifty en route vers la mixité
Pour la première fois cette année, un équipage 100% féminin, mené par Francesca Clapcich, prend part au championnat Ocean Fifty Series. Une occasion en or pour parler mixité dans la course au large lors d’une table ronde organisée ce matin par Upwind by MerConcept en présence d’Erwan Leroux (Koesio), Thibaut Vauchel-Camus (Solidaires en Peloton) président de la classe Ocean Fifty, Elodie-Jane Mettraux et Tiphaine Ragueneau, deux équipières de la skipper italo-américaine. Morceaux choisis…
Thibaut Vauchel-Camus
« Axelle Pillain fait partie de mon équipage parce qu’avant tout, j’avais besoin de quelqu’un de technique, de spécifique sur l’électronique et qui sait naviguer. C’est une denrée rare. Ce n’était pas au départ une volonté de féminiser l’équipage. C’est vrai qu’il y a beaucoup de femmes dans la communication, la logistique, le management, mais finalement peu sur les bateaux. C’est dommage d’autant que l’on communique sur un sport qui n’est pas plus dédié aux hommes qu’aux femmes. Les Ocean Fifty sont très attrayants, mais il y a finalement peu de filière de formation. Je pense que le vivier est encore plus restreint en multicoque qu’en monocoque. »
Erwan Leroux
« J’ai eu une prise de conscience grâce au Magenta Project. En 2022, nous avons intégré Mathilde Géron et en 2023, je suis allé voir mon sponsor. Je lui ai dit qu’on avait le même problème : seulement 20% de femme font une carrière numérique, et seulement 20% naviguent en course au large. Nous avons donc décidé de former le premier équipage mixte sur le Transat Jacques Vabre avec Audrey Ogereau. On prend du retard sur le monde moderne, je trouve. La voile est un sport mixte, il ne faut pas qu’il y ait deux types de courses, masculine et féminine. Ceci dit, les projets 100% féminin peuvent permettre aux femmes de se projeter sur des postes. En Ocean Fifty, on se doit d’être la filière qui va former des techniciennes et des équipières performantes ».
Elodie-Jane Mettraux, Projet Upwind by MerConcept
« Je suis un exemple particulier parce que je n’ai toujours fait que de la voile en équipage. Ma carrière s’est construite sur des projets féminins, comme avec la team SCA sur la Volvo Ocean Race, du match race et l’Ocean Race en équipage mixte. Le mixte, c’est exceptionnel. Les initiatives ne doivent pas être obligatoires, mais nécessaires pour se dire qu’en tant que femme, c’est possible. Ce sont des initiatives comme ça qui donnent la chance à des navigatrices. Cela aide à la confiance. Le niveau est excellent en voile olympique autant chez les femmes que chez les hommes. Et il y a beaucoup de perte une fois la campagne olympique terminée. Il y a quelque chose à faire là-dessus. »
Tiphaine Ragueneau :
« Les dispositifs mis en place comme le Majenta Project ou la mixité sont géniaux pour nous ouvrir la porte sur des projets course au large. L’idéal serait que les femmes soient appelées pour leur compétences, pas par obligation. Dans un monde idéal, il faudrait que l’on ait des projets en tant que marins mais pas en tant que femme. Les quotas créent des opportunités et permettent de faire réaliser à des navigatrices qu’elles ont leur place. Je n’ai jamais senti qu’être une femme soit un frein ou un problème. Plus on sera nombreuses, plus cela fera effet boule de neige. Les Ocean Fifty sont les bateaux parfaits pour acquérir de l’expérience… »