Du rififi dans les rangs
Du rififi dans les rangs
Du rififi dans les rangs
Trois courses, du soleil, un vent d’ouest forcissant progressivement pour 12 nœuds, 10 équipages bouillants… ce premier jour de régates en baie de La Baule a démontré une belle intensité de jeu et un classement qui se resserre. Les 4 premiers (Realites, Solidaires En Peloton, Koesio et Primonial) se tiennent en 5 points et les nouveaux venus dans la classe prennent de l’assurance. Upwind by MerConcept, l’équipage 100% féminin, talonne Le Rire Médecin – Lamotte avec 1 petit point d’écart et Mon Bonnet Rose fait montre d’une aisance incroyable sur les départs lancés. Bref, les spectateurs à terre se sont régalés et la suite ne peut que faire saliver. Vivement demain 13h pour le premier départ des courses du jour !
On ne vient pas naviguer à Pornichet-La Baule sans rencontrer Loïck Peyron, le célèbre navigateur, amoureux fou de tout ce qui flotte. Embarqué à bord de Realites sur la première manche, le triple vainqueur de la Transat Anglaise et recordman du trophée Jules Verne, en autres, ne cache pas son intérêt pour la classe Ocean Fifty : « Quelque soit le nombre de coques, tout m’intéresse. C’est une douce évolution qui s’est opérée depuis pas mal de décennies sur ces multicoques de 50 pieds. J’aime beaucoup cette classe. Les bateaux sont à taille humaine autant du point de vue du budget que du management d’équipe. J’aime bien ce mélange de grands prix et d’offshore… » Loïck a donc pu savourer une victoire de manche avec l’équipage de Fabrice Cahierc, qui s’en est offert une deuxième dans la foulée ! La troisième victoire revenant à Solidaires En Peloton.
Une flotte de plus en plus homogène
Dans ces conditions de vent et de mer, chaque équipage a pu tenter sa chance. On a vu Inter Invest démarrer en fanfare la première course, Le Rire Médecin – Lamotte jamais non loin des trois premiers, Mon Bonnet Rose croiser au nez et à la barbe de Koesio… Steven Liorzou confirme : « Ce sont des conditions idéales pour tout le monde, la flotte se croise, le niveau se nivelle un peu et c’est intéressant. On a vu Mon bonnet Rose et Upwind by MerConcept bien naviguer. » Demain, ce sera une toute autre histoire avec un vent qui devrait souffler un bon cran au-dessus : 15-20 nœuds d’ouest, ça va swinguer à Pornichet-La Baule !
Les mots des marins
Steven Liorzou, Koesio
« Le plan d’eau est super sympa, la mer était plate, c’était top ! Nous avons eu jusqu’à 12 nœuds de vent, des conditions idéales pour une première journée. Cela fait plaisir de voir 10 bateaux sur la ligne de départ. Nous sommes contents de nos manœuvres et de la vitesse du bateau. Nous avons peut-être des points d’interrogation sur les départs, mais ce fut vraiment une belle journée. Demain, ce sera une autre histoire, il y aura plus de vent ! »
Jean-Baptiste Gellée, Primonial
« Le vent s’est levé un peu plus tôt que prévu, la première manche était donc plus aléatoire, mais nous nous sommes échappés avec Realites. Ce fut une belle entrée en matière sur ce deuxième Act. Demain, l’idée sera de prendre plus de risque sur les départs. Le vent affiche beaucoup de différence d’angle et d’intensité donc il y aura beaucoup de jeu. Il faut faire des choix, préparer une stratégie en amont, limiter les manœuvres. Nous ne sommes pas habitués au cadre de sécurité qui est pénalisant, c’est un paramètre en plus à prendre en compte. Demain, il y aura plus de vent, donc tout viendra plus vite, les manœuvres vont s’enchaîner plus rapidement ».
Classement général provisoire, Act 2, jour 1
1 – Realites 31 pts
2 – Solidaires En Peloton 28 pts
3 – Koesio 26 pts
4 – Primonial 26 pts
5 – Le Rire Médecin – Lamotte 16 pts
6 – Upwind by MerConcept 15 pts
7 – Mon Bonnet Rose 13 pts
8 – Viabilis Océans 9 pts
9 – Inter Invest 8 pts
10 – Wind of Trust – Fondation pour l’Enfance 8 pts
Inside Ocean Fifty : régleur, un rôle ultra physique
Chauffe Marcel ! Sur les cinq équipiers que compte un Ocean Fifty, deux sont entièrement voués aux réglages des voiles d’avant. Ces embraqueurs (ou grinders) assurent la puissance pour faire tourner les winches. Autant dire que sur chaque virement de bord ou empannage, chaque passage de marque de parcours, le cardio monte dans le rouge… La tête penchée dans le cockpit, l’oreille attentive aux informations données par le tacticien et le barreur, ces équipiers ultra physiques donnent toute leur énergie… pendant 30 minutes non-stop et à fond. Et quand le comité de course envoie 3 manches d’affilée, imaginez l’effort et l’engagement de ces deux équipiers ! « Séchés », c’est le terme employé après une journée de régates intenses. Ils nous ont expliqués leur rôle à bord.
Justin Baradat, Viabilis Océans
« Nous sommes deux embraqueurs-régleurs à bord. Il faut super bien connaître le fonctionnement, être en forme physiquement car ce sont des bateaux exigeants. Les approches de marques sont très physiques et rythmées par les envois de voile d’avant, les affalages, les réglages. On a un timing précis pour effectuer les manœuvres. A cinq à bord, tout peut aller très vite. Il faut réussir à tenir sur la journée et c’est globalement très physique. »
Jay Thompson, Mon Bonnet Rose
« Le job du régleur est de s’occuper des voiles d’avant, notamment monter le gennaker. Tu fais beaucoup de sport, c’est certain ! Nous sommes à deux sur la colonne de winch et il nous faut trois minutes en moyenne à fond pour hisser le gennaker. Les passages de bouées sont les plus intenses surtout la bouée au vent. C’est très sportif, je suis cramé quand je finis une journée, surtout au-dessus de 15 nœuds, où tu tournes en permanence à la colonne. »
Laurent Gourmelon, Solidaires En peloton
« Un embraqueur, il ne fait que se servir des moulins à café. Cela se passe sur une colonne où on manœuvre toutes les voiles d’avant. Hisser, affaler, rouler, dérouler, border, choquer, la condition physique doit être optimale. Le tacticien donne un timing, le barreur donne le top et là on commence à actionner. Les deux embraqueurs jouent leur rôle dans la foulée des ordres. On anticipe un maximum. On ne voit rien de la course sur ces parcours réduit. En fait, on n’arrête pas une seconde… Cela représente plus de 3 heures de salle de sport. En cardio, c’est violent, c’est non-stop, car le parcours est très court et il y a sans arrêt quelque chose à faire dans le cockpit. On a la tête dans le guidon ! ».
Antoine Joubert, Le Rire Médecin – Lamotte
« Ces courses inshore sont assimilables à des stadiums. En tant qu’embraqueurs, nous sommes sur la gestion des manœuvres et on ne voit strictement rien de la course. Je suis sur le piano et la colonne, et je ne fais que ça : envoyer le gennaker, dérouler, rouler, tout ça dans un timing hyper serré. Le secret : manger des Twix à gogo ! Cela sollicite pas mal le cardio, donc il faut se préparer un minium pour tenir le coup. Cela demande pas mal d’explosivité. Cela s’assimile plus à du fractionné qu’à un semi-marathon. »
Pierre Brasseur, Realites
« On a un bateau avec une casquette, donc on ne voit pas grand-chose. C’est un sprint à fond. On boit un coup d’eau entre chaque manche et ça repart ! Il faut vraiment être concentré sur ce que l’on fait car une erreur est vite arrivée. Ça sèche bien… Plus c’est court, plus c’est intense. A dix bateaux en plus, la moindre erreur est fatale. Il faut faire du cardio à fond pour se préparer. C’est explosif et endurant sur quelques heures. »